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Mariama, 15 ans

Mariama, ses 7 frères et soeurs et sa maman ont été abandonnés par leur père alors qu’elle était encore toute petite…

Par un après-midi brûlant de fin d’été, Mariama a suivi des copines qui se rendent dans une petite maison pour faire du ménage. Rapidement, ses copines décident qu’elles en ont assez fait et s’en vont avec le propriétaire de la maison, laissant seule Mariama terminer le travail. Il y avait là, dans une des chambres, un autre jeune homme de la trentaine qui attendait… Mariama, dans sa 13e année et avec toute sa naïveté, n’a pas réagi au danger qu’il pouvait représenter. Il s’est approché d’elle, lui a bâillonnée la bouche et il a abusé d’elle. Elle a bien sûr tenté de se défendre et de crier, mais que peut faire une si jeune fille face à un homme sans foi ni loi…
Elle a été violentée lors de cette agression sexuelle et encore aujourd’hui, elle en garde les stigmates sur son visage et ses yeux crient une peine innommable.

A tout prix rester solide et forte pour elle… A tout prix préserver le plus grand nombre de ces jeunes filles de ces actes immondes, en les sensibilisant, en leur donnant la possibilité de venir à l’école et s’instruire! Les sortir de la rue à tout prix! Leur redonner leur dignité et un Espoir…

Mariama, une fois la grossesse confirmée, a été chassée par sa maman qui a refusé cette «humiliation»… Elles étaient pourtant allées ensemble au poste de police après cette agression, mais le temps que les policiers se rendent au domicile de l’homme qu’elle avait dénoncé, il était parti et bien sûr plus personne ne l’a revu depuis.
Chassée par sa propre mère, Mariama a dû se rendre chez une tante à Zinder qui a bien voulu la loger pendant un temps, en se gardant bien de lui donner le minimum de nourriture et d’eau… Sa grossesse a été difficile, elle était choquée… Elle a eu des complications vers la fin et a subi une césarienne d’urgence pour sauver le bébé et elle-même.
Durant la césarienne, Mariama, 14 ans, a eu des convulsions violentes et les médecins ont dit qu’elle aurait aussi fait des crises d’épilepsie…
Mariama a eu un minuscule bébé, une petite fille au doux nom de «Habiba»!

Les Sœurs ont entendu parler de son histoire et elles m’ont vivement demandé de la prendre en formation à l’école pour l’aider et leur assurer un meilleur avenir à toutes les deux… Mariama a beaucoup de peine à être «maternelle». Non qu’elle n’aime pas sa fille, mais elle ne sait pas comment prendre soin d’elle, elle ne sait pas comment lui donner l’amour et l’affection qu’elle n’a jamais reçu dans sa si jeune vie… Alors depuis ce printemps, elle est là, avec nous à l’école et nous faisons tout pour l’aider à surmonter et guérir ce traumatisme qui se lit encore dans son regard perdu, dans ce visage vide d’expression…
Comme si ses souffrances n’étaient pas suffisantes, nous avons dû déplacer Mariama la semaine passée pour la mettre en pension dans une autre famille d’accueil de Zinder, en attendant la construction d’un dortoir pour les filles des rues. J’avais bien remarqué son manque d’hygiène et la malnutrition permanente de sa petite Habiba, mais j’avais mis cela sur le compte des premiers mois d’adaptation à l’école.

Heureusement, Mariama s’est confiée un matin à la nounou de l’école et lui a dit qu’elle avait décidé de «partir en brousse pour mourir…». Alertées, nous avons tout de suite réagi à cette déclaration du désespoir et après une petite «enquête», nous avons constaté que Mariama était maltraitée chez sa tante… Sa tante les privait régulièrement, elle et sa fille, de nourriture les soirs et les week-ends. Elle devait travailler tôt le matin et faire tout le ménage dans les 2 petites cases insalubres que nous avions retapées au niveau des fissures du toit en bois et en tôle. Les poux avaient envahi sa tête et celle de Habiba, ses couvertures étaient dans un état de saleté abandonné... Nous avons dû les raser toutes les deux pour éviter une contamination à l’école…

Depuis quelques jours, après de difficiles discussions avec sa tante qui se montrait de bien mauvaise foi, Mariama et Habiba ont enfin pu quitter cet endroit de misère pour être logées décemment auprès d’une agréable famille d’accueil avec des enfants qui vont très bien et qui sont aimés et respectés ! Ils habitent à 3 minutes de l’école et 3 des monitrices ont leur case à côté de cette famille, elles peuvent donc à tout temps aller leur dire bonjour et contrôler que tout va bien!

Mariama est enfin un peu moins tourmentée, et cela me réchauffe le coeur de la voir un peu plus détendue et confiante…
Nous lui avons acheté un petit matelas, 2 nattes, une couverture, un petit pot pour son enfant et surtout une précieuse moustiquaire qui va les protéger du paludisme! Nous venions de recevoir un paquet magnifique d'une entreprise suisse: 50 moustiquaires pour les filles de l’école! Quelle chance cette synchronicité, juste au bon moment, qui allait si bien nous aider!
Une des monitrices m’a aussi dit avec une certaine gêne que Mariama n’avait pas de sous-vêtements à elle et pour sa petite Habiba et pas d’argent pour en acheter… J’avais encore un petit stock d’habits en coton chez moi, j’ai pu lui donner tout ce qu’il lui fallait pour lui rendre sa dignité et qu’elle se sente enfin propre et jolie…

Isabelle M., Niger Zinder, octobre 2010
 
   
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