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buts et priorités de l'Association

Hawaou, 12 ans

Hawaou était encore un bébé quand son jeune papa de 21 ans est mort d’une «forte fièvre». Oui, en Afrique on meurt encore aujourd’hui d’une «simple» fièvre qui cache souvent d’autres pathologies… Sa jeune maman, 16 ans à l’époque, a dû assurer la charge de Hawaou et de son frère qui mourra une année plus tard d’un mauvais paludisme pas soigné… Désemparée, sa maman emmène un jour Hawaou chez son grand-père en brousse pour qu’il s’occupe d’elle. Au moins, pensait-elle, elle aura à manger et un abri…

Sa maman repart vers Zinder pour se donner à la prostitution et gagner de quoi se nourrir au quotidien, comme tant d’autres jeunes femmes de son âge et dans sa situation désespérée… qui voudrait encore d’elle…? Elle n’a aucune dote, déjà des enfants (un mort) et pas le courage d’y croire encore… Hawaou n’aura plus jamais de nouvelles de sa chère maman.

Le grand-père de Hawaou est très dur avec elle. Il l’a fait travailler déjà tôt le matin au champ et jusque tard dans l’après-midi, sous un soleil qui brille à la verticale, pour essayer de faire pousser quelque chose dans ces champs de sable…Quand elle rentre au village et qu’elle réclame un peu à manger et à boire, son grand-père la bastonne et lui répond qu’elle ne travaille pas assez vite pour mériter à manger.

A 9 ans, Hawaou a déjà perdu toutes ses illusions sur la vie et sur les gens…
A l’aube de ses 12 ans, son grand-père veut la marier avec un garçon de 18 ans, qui habite le village de brousse voisin. Apeurée par ce mariage et épuisée sous le poids du travail aux champs trop dur pour une si petite fille, elle décide un beau matin de s’enfuir loin de son grand-père…

C’est comme cela que ses pas l’emmèneront tout droit vers Zinder ! Environ 25km de marche, jour après jour, semaine après semaine… Sa route a été bien sûr parsemée de bonnes rencontres et de mauvaises promesses…
Une fois arrivée à Zinder, elle a errée dans les rues quelques jours avant qu’elle soit amenée à la Protection de l’Enfance, dans un état de fatigue et de malnutrition avancé...
La Providence faisant toujours bien sa part de travail, j’étais chez eux ce matin-là pour présenter l’Association et mes activités pour les enfants des rues et les filles-mères ! Il y avait là, sur un frêle banc en bois, 2 jeunes filles qui regardaient le sol avec des yeux d’une tristesse et d’un abattement inimaginables… Et devinez ? Eh bien oui, je suis repartie avec ces 2 jeunes filles de 12 ans, presque main dans la main et le coeur réchauffé de cette belle synchronicité ! 2 heures après, elles recevaient leur premier bon repas chaud au Centre à l’école ! C’était début avril…

Comme Hawaou n’avait pas de parent à Zinder et que l’on ne savait pas où était sa mère, nous avons décidé, avec le service de la Protection de l’Enfance, de la placer dans un petit orphelinat à 15 min de l’école. Je pensais aussi que cette histoire allait bien se terminer, mais non… pas encore ! Depuis une semaine, Hawaou a aussi été déplacée dans la famille d’accueil proche de l’école, avec Mariam et son bébé !

L’orphelinat ne s’occupait pas vraiment bien des enfants qui leur étaient confiés… J’allais d’ailleurs moi-même apporter à la trentaine d’enfants que j’y rencontrais des barres de céréales ou des bananes tous les mercredis, afin de soulager un peu ma conscience pour ces pauvres petits qui n’avaient vraisemblablement pas assez à manger mais à qui je ne pouvais rien faire d’autre… Où va donc l’argent des orphelins… ?

Le jour où j’ai demandé à Hawaou pourquoi elle avait manqué un jour entier d’école, elle nous a répondu que la directrice l’avait emmenée chez une de ses voisines pour faire le ménage… ! A partir de cette déclaration, j’ai pris des mesures pour activer son départ.

Pas tout facile non plus, j’ai dû faire venir le juge de Zinder pour constater de l’état déplorable de l’orphelinat (Hawaou avait aussi des poux et la gale qui commençait sur ses chevilles…). Le responsable de l’orphelinat s’était d’abord montré agressif, puis devant le juge il n’a plus fait de résistance pour laisser partir Hawaou ailleurs… Les papiers ont été signés et je suis couverte aussi avec l’Association ! Je ne voudrais pas qu’un jour on m’accuse «d’enlever» des enfants à Zinder… !!

Isabelle M., Niger Zinder, octobre 2010
 
   
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